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BIG DATA et travail des cadres

Note d’orientation du conseil scientifique

Les algorithmes interprètent les résultats voire les prédisent. Quel est l’impact sur la gestion de l’entreprise ? La dérive de l’ambition gestionnaire du XXème siècle a été de mettre l’entreprise au service d’une technique.

Plusieurs approches possibles :

  • Les nouvelles compétences voire la transformation des métiers pour les cadres dans l’ère des « entreprises Big Data ». Quels peuvent être les effets de la mise en concurrence des intelligences artificielles versus intelligence du cadre ? Certains cadres pourraient croire que l’on attend d’eux contrôle et maitrise.

Stratégie d’entreprise : risque du « tout gestionnaire big data » si les entreprises réglent automatiquement la définition de leurs stratégies par les calculs prédictifs des algorithmes. Croire qu’agir, c’est se fonder sur ce qui est prédit est une représentation marketing de l’entreprise. Si la Big data s’impose à nous : il s’agit d’interroger le métamodèle, pour avoir prise sur lui, se libérer de son emprise. Tout comme l’OdC a mené un travail sur les outils de gestion, il s’agit d’explorer les modèles d’algorithmes.

Le rôle d’une entreprise est plus d’interpréter que de prédire ce que voudraient les clients. Quel est le rôle et la responsabilité de de l’entreprise dans le débat sur le choix des usages ? Qui ? Le cadre ? Il est nécessaire de former le cadre sur la puissance du chiffre pour qu’il ne pense pas que son rôle soit d’aller sur ce qui est prédictible.

Le rôle du cadre est d’organiser les marges de manœuvre sur ce qui est prédictible.

Nécessité de débattre du métamodèle de l’algorithme. Dominique Cardon, A quoi rêvent les algorithmes, nos vies à l’heure du big data, Seuil, la République des Idées, décembre 2015. Loin d’être de simples outils techniques, les algorithmes véhiculent un projet politique. Derrière la Data de Google, des principes de justice ne sont pas débattus. Comprendre leur logique, c’est donner aux citoyens, aux salariés, la possibilité de reprendre du pouvoir face à celui des maitres du calcul.

 

  • Management : Big Data est un nouvel instrument pour le travail des cadres. Il peut y avoir une illusion de gestion parfaite. Un séminaire OdC pourrait avoir pour objectif de montrer que la Big Data décrit des possibilités, mais que les requêtes sur un moteur de recherche ne sont pas des usages. Or, pour l’OdC, l’entreprise, l’administration doit tendre à mieux prendre en compte les usages.
  • Conditions de performance du travail : Risque d’abandon de la responsabilité managériale au profit de l’optimisation statistique. Toute entreprise doit pouvoir absorber l’échec de sa stratégie. Attention à l’illusion de la qualité parfaite de la politique conduite par la machine. Un enjeu du management « Big data » est de réaffirmer la fonction parfois bénéfique de l’erreur dans une stratégie d’entreprise. Le big data pourrait entretenir l’illusion (taylorienne) du meilleur des mondes, mais sans régulation humaine, la machine « se trompe pour les salariés ». Nécessité de conduire une culture d’entreprise (bienveillance ?) pour tolérer les erreurs.Optimiser une valeur : l’enjeu est d’optimiser la « bonne » valeur. Rôle du cadre, du manager, face à une vision déterministe de la capture des données.